LACC President, Michel Franck, was interviewed by Paperjam Business Luxembourg regarding the 2020 US Presidential election. The full written and recorded transcripts are also available on the Paperjam website. Click HERE.
S’il s’étonne que le vote républicain soit toujours aussi massif, le président de la Chambre de commerce américano-luxembourgeoise, Michel Franck, conserve l’espoir que Joe Biden l’emporte. Même si les relations entre les deux pays n’ont pas souffert du mandat du président sortant, selon lui.
Fondée en 1991, la Chambre de commerce américano-luxembourgeoise (LACC) construit, depuis sa création, des ponts pour les entreprises entre les États-Unis et le Luxembourg. Plateforme de mise en relation pour sa centaine de membres, elle offre aussi des informations économiques, propose des conférences et des événements de networking. Son fondateur et actuel président, Michel Franck, qui habite à New York depuis 40 ans, estime que la relation entre les États-Unis et le Luxembourg n’a pas été, et ne devrait pas être impactée par une réélection de Donald Trump. Mais garde l’espoir, notamment pour le niveau européen et mondial, que Joe Biden l’emporte.
Comment vivez-vous ces élections?
Michel Franck. – «Lors des premiers résultats, ce fut surprenant, car si nous savions que les élections seraient tendues, nous pouvions espérer un raz de marée démocrate avec le vote par correspondance, mais ce n’est pas arrivé. Les États bleus ont voté pour les démocrates, comme prévu. Mais les États ruraux ont sérieusement voté pour Donald Trump. Ces électeurs sont allés aux urnes.
Cela montre la complexité de l’état politique du pays, qui est très polarisé. Après quatre ans d’anti-trumpisme relayé dans les livres, les journaux, le système d’informations de qualité qui est quand même démocrate, un tel raz de marée républicain reste surprenant. C’est comme s’il y avait deux pays différents.
Ce qui est aussi surprenant, c’est que même des gens intelligents, éduqués, avec un esprit critique, ont soutenu le président sortant parfois uniquement pour des raisons économiques. L’économie est, pour eux, un élément primordial. Alors que celle-ci devrait être pour tout le monde, pas seulement pour les pauvres ou pour les aisés.
Malgré des sondages en faveur de Joe Biden jusqu’à ces derniers jours dans certains États-clés, cela se révèle finalement très serré…
«Oui, c’est une des grandes surprises de ce scrutin. Si on prend la Géorgie, par exemple, dans la plupart des grandes villes, les scrutins ne sont pas encore comptés, et les votes par correspondance non plus. Donc les démocrates gardent l’espoir que la majorité de leurs électeurs inversent désormais la courbe.
Comment expliquer que Donald Trump puisse à nouveau être en mesure de remporter l’élection présidentielle?
«Si, en 2016, Hillary Clinton n’avait pas visité des États qui lui étaient acquis comme le Wisconsin, le Michigan ou la Pennsylvanie, que Trump avait finalement remporté, Biden n’a pas fait la même erreur. Mais pour cause de Covid, il ne s’est pas non plus déplacé en personne, alors que Trump n’a pas hésité.
Et, je ne sais pas comment, il réussit à toucher son électorat. Il leur donne ce qu’ils veulent: la permission des armes, des avantages fiscaux pour les riches, sans se soucier d’aggraver la dette nationale ou de diviser le pays. C’est finalement plus facile d’être un démagogue qu’un politicien qui cherche à unifier et à rendre le monde plus juste.
Quelles seront les conséquences de ces élections pour les relations entre les États-Unis et le Luxembourg?
«Ces quatre dernières années, la relation directe entre le Luxembourg et les États-Unis n’a pas souffert. L’ambassadeur américain en place a bien défendu les relations économiques entre les deux pays, avec de bons contacts avec le milieu politique luxembourgeois. Donc une réélection de Donald Trump ne serait pas un grand problème.
Mais le problème se jouerait davantage au niveau européen, ou au niveau international…
«La relation entre l’Union européenne et les États-Unis de Trump a certainement souffert. Et sur de nombreux points, comme l’environnement avec les accords de Paris, l’influence sur l’Otan, les tarifs douaniers comme ceux sur l’acier. Et cela risque d’aller de mal en pis dans un monde qui sera encore plus divisé en cas de réélection de Trump.
Si on regarde le monde tel qu’il était avec Barack Obama, il y avait l’assurance, en tout cas l’impression que des gens honnêtes et sérieux travaillaient pour le bien du monde. Ce n’est pas le cas avec Trump, avec cette politique de division, qui va à l’encontre de l’intérêt humain, des droits humains, de l’environnement. Et avec le Covid, il n’y aura avec Trump aucun consensus pour résoudre ce problème sanitaire…
Est-ce que vous craignez des recours visant à contester les résultats de l’élection?
«Donald Trump a fait des démarches en ce sens. Chaque État a ses propres règles électorales, donc il a fait des premières démarches au niveau des États. Il demande l’arrêt du décompte des votes. D’après lui, les votes après le 3 novembre sont illégaux, ce qui est faux. Puis, il ira jusque devant la Cour suprême, où la majorité des juges sont conservateurs depuis qu’il en a nommé trois. C’est franchement catastrophique.
Quel est votre pronostic pour ces élections?
«Cela sera très difficile, mais je n’ai pas perdu l’espoir de voir Joe Biden l’emporter. Et quoi qu’il en soit, même si on a encore quatre ans de Trump, je garde espoir dans l’humanité pour que le monde dans lequel nous habitons et travaillons continue de s’améliorer.»